• Comprendre le monde

     

     

    Comprendre le monde

     Le Roi Shaka, fondateur de la nation Zouloue

     

     

    " La mémoire oubliée "

    I

     

    Peu de fois on trouvera une circonstance aussi exotique, comme le fait qu'un roman, change le cours de l'histoire. Les mines du roi Salomon, un des livres les plus lus de tous les temps, le fit.

    Son auteur, Henry Rider Haggard, étais né à Norfolk, dans une famille de l'aristocratie rurale en 1856, trois ans après un autre de ses illustres contemporains, Cecil Rodhes*. Son père, qui le considérait peu intelligent, déclina l'idée de l'envoyer faire ses études à Oxford ou Cambridge. Haggard fut envoyé par sa famille à une école de catégorie inférieure, à Ipswich, où le garçon s'intéressa à l'égyptologie. En 1875, le jeune Haggard préparait ses valises pour suivre ses études à Paris, quand le hasard croisa son chemin: un voisin de Norfolk, sir Henry Bulwer, fut nommé vice-gouverneur de la colonie sud-africaine de Natal (rebaptisée  KwaZulu-Natal depuis 1994. Une des provinces d'Afrique du Sud). Le père de Haggard décida de recommander son fils pour l'accompagner. Dans la tête du père, un garçon peu éclairé avait un futur incertain en Angleterre; peut être pourrais t'il devenir un bon fermier en Afrique.

    Personne n'imaginais que quelques années après, ce garçon peu doué pour les études, deviendrait l'écrivain anglais le plus réputé de son temps, aussi respecté et admiré que Ruydard Kipling. Haggard embarqua en juillet 1875 et s'installa à Pietermaritzburg, capitale administrative de Natal. Sous la protection du gouvernement de la colonie, commença très tôt à voyager par les territoires zoulous, peuple qu'il admirait. Voyagea aussi à Pretoria, où il eut l'honneur d'hisser le drapeau britannique quand  en 1877, Londres annexiona la jeune république boer.

    À vingt et un ans commença à écrire pour la presse londonienne et, ses chroniques africaines le donnèrent déjà  un petit renom dans la métropole. En 1879, s'offrit comme soldat volontaire pour l'expédition militaire de lord Chelmsford contre le roi zoulou Cestwayo, mais le gouverneur le refusa. Ceci le sauva sans doute de mourir à Insandlhwana. Il fut refusé également lors des révoltes du Transvaal pour obtenir l'indépendance.

    Déçu de sa vocation militaire, acheta une ferme à Newcastle, à trois cents vingt km. de Pretoria, pour se dédier à l'élevage des autruches. Fit un court voyage en Angleterre pour se marier en 1880 et, retourna à Newcastle quand sonnaient déjà les tambours de la première guerre boer. En 1881, après la bataille de Majuba Hill, se signa la paix entre boers et britanniques et, Londres reconnut l'indépendance du Transvaal (En 1994, le Transvaal est divisé en quatre nouvelles provinces : le Gauteng, le Mpumalanga, le Limpopo et le Nord-Ouest. Provinces d'Afrique du Sud).

    Sans doute, une grande déception pour le jeune Haggard, un fervent défenseur de la projection impérialiste de la Grande Bretagne, où il rentra après l'indépendance.

    Installé à Norfolk, décida d'écrire un livre, une sorte de chronique historique-politique de ses expériences africaines, qu'intitula Cestwayo et ses voisins blancs. Publié en 1883 sans aucun succès. À l'année suivante, écrivit deux nouvelles, À l'Aube et La tête de la sorcière, qui restèrent sur des très faibles ventes. Déçu à nouveau, songea à arrêter l'écriture.

    Mais en 1885  R.L. Stevenson publia un livre pour enfants, L'Île au Trésor, qui eut un grand succès. Haggard décida alors d'écrire lui aussi pour enfants. Acheva son livre en six semaines. Son livre réunissait: les légendes sur l'or du Grand Zimbabwe, la figure d'un grand chasseur blanc, Frederick Selous et, la tribu qu'il admirait, les zoulous. Dans le Grand Zimbabwe situa les mines d'Ophir, Selous devint Allan Quartermain et les zoulous, les kukuanas. Le roi kukuana fut baptisé dans la fiction comme Umbopa. Celui-ci avait son modèle dans la réalité: le fils d'un ancien roi Swazi, appelé Umslopogaas. 

    Publié en septembre de 1885 par Cassell, le même éditeur que le livre de Stevenson, Les Mines du Roi Salomon, fut une véritable bombe commerciale à l'époque, en Angleterre et aux États Unis. Suivirent Allan Quartermain 1887 et, la même année, sans doute la meilleure de ses nouvelles, Elle, toutes inspirées de l'Afrique.

    Ses livres mirent à rêver avec l'Afrique à toute la jeuneuse anglaise et américaine. De même que aux politiciens britanniques et européens pour étendre leurs empires africains. Donnèrent naissance à des entrepreneurs ambitieux et sans scrupules comme Cecil Rhodes, qui ne cessa dans son effort pour conquérir tout le continent pour exploiter ses richesses. Haggard fut avec Kipling, l'écrivain de l'Empire. Malgré son succès littéraire, regretta toujours ce qu'il croyait être sa grande destiné: une carrière dévouée à l'État et à l'armée, au projet du grand empire britannique.

    Son petit fils dit de lui: " Il étais beaucoup plus qu'un écrivain ". Il se trompait. Haggard fut bien moins qu'un grand écrivain et beaucoup plus qu'un bon soldat: avec sa plume, mit tous les regards sur l'Afrique et alimenta les racines de l'ambition impériale.

    La même année de sa mort, 1925, un écrivain français, André Gide, naviguait le fleuve Congo, suivant la stèle de Joseph Conrad. Gide, au contraire que Haggard, critiqua durement avec sa plume le colonialisme. Les livres de Haggard se publient encore par le monde en éditions pour enfants. Gide par contre, qui n'attint jamais autant de popularité parmi ses contemporains, reste vivant dans nos cœurs.

    Serait de la petite littérature, toute celle qui émane d'un sentiment de race supérieure ?

     

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    Cecil Rhodes 1853-1902: magnat de l'or et des diamants sud-africains. S'appropria dans son nom propre et celui de l'Angleterre de territoires entiers (Rhodésie, actuel Zimbabwe), menant des campagnes militaires avec une armée payée par ses propres deniers et, avec laquelle avait comme projet l'éradication des peuples indigènes par la mort ou l'esclavage.

    L'explorateur Pierre de Brazza 1852-1905: "découvrit" pour la France les territoires au nord du fleuve Congo.

    L'explorateur Henry Morton Stanley 1841-1904: "découvrit" pour le roi de Belgique les territoires au sud du fleuve Congo.

     

    "Ceci sont des faits historiques récents, qui par l'ampleur de leurs conséquences

    contribuèrent à établir les bases du monde contemporain, économique et politiquement."

     

     

    Extrait du livre " Vagabundo en Africa" / Javier Reverte

     

     

     


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