• Empathie et humanisme /1

    Empathie et humanisme  /1

     Julio Villar /Eh, pétrel! /cahier d'un navigant solitaire

    éditorial jeuneuse - Barcelone  /1ere édition 1974

     

    Pour avoir des provisions les mois suivants, Pierre et moi, nous allons pêcher. Et après nous salons et séchons le poisson. Nos deux bateaux sentent le poisson salé et à nourriture abondante. Il y a des écailles sèches sur les ponts, et des filets de poisson suspendus par des cordes entremêlées, sèchent au soleil et à l'air frais. Nos journées sont bien remplies.

    Aujourd'hui une bande de sardines s'est mise sous nos bateaux. Elle semble un nuage obscur et fixe. Nous avons lancé quatre ou cinq fois notre petit filet de fond, le seul que nous avons, et nous avons réussi à pêcher presque trois sceaux de ces vies argentées.

    Cette nuit, nous dînerons deux douzaines de sardines cuites sur la plage, et le reste nous le salerons pour le prochain voyage.

    Il fait soleil, et je me sens bien avec cet avenir bien garni. Le filet est au fond, et nous le regardons avec émotion, scrutant à travers les eaux bleues.

    Nous plongeons parfois loin de la bande et, avec les mains nous faisons du bruit contre l'eau pour pousser le poisson à l'intérieur du filet. Mais le courant de Humboldt est très froid et, nous restons peu de temps dans l'eau. Il y a un pingouin qui nous inquiète. Il vient d'arriver de la plage et, il s'est mis à pêcher dans la bande de sardines. Nous avons peur qu'il tombe dans le filet et perdre celui-ci. Un pingouin ne peut pas vivre très longtemps sous l'eau. Pour cette raison nous gardons l'oeil sur cet oiseau et, nous décidons de sortir le filet de l'eau et d'arrêter le pêche, car nous avons d'abondantes réserves.

    Le pingouin est tombé dans le filet, avant qu'on récupère celui-ci et il est resté coincé.

    "Nous pensons qu'il est mort. Il est sur le pont, immobile, démembré, comme un jouet de peluche. Je lui fais la respiration artificielle, soufflant au-dessus de son pic. Je le fais sans y croire, mais avec insistance. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je fais. J'ignore si je le fais correctement. Je me demande si cela vaut la peine de faire la respiration artificiel à un pingouin mort. Car il est déjà mort.

    Le soir, nous dînons sur la plage, de la langouste et pas mal de sardines. C'est un dîner triste et joyeux. Triste à cause de ce pingouin qui est mort à cause de nous. Joyeux à cause de cette vie. Pour ce que notre vie nous donne."

     

    île Floreana / Galápagos

     


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