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Empathie et humanisme / 4
Julio Villar est parti du port de Barcelone en avril de 1968 sur son petit bateau Mistral, de 7m. de long. Ensemble et pendant quatre ans, ils ont parcouru l'équivalent de deux fois et demi le tour du monde.
Le récit de ce voyage, décrit en toute simplicité, est un chant à l'humanité toute entière.
Je pars. Je largue les amarres. La vie est à moi et je la prends par la main pour partir ensemble. Je laisse derrière moi toutes ces choses qui me déplaisent. Les choses absurdes. Les messieurs qui font des promesses avec des gestes paternels, les systèmes qui compliquent et hypothèquent les bonheurs de la vie. Et je prends le chemin que je dois prendre pour connaître la terre ; cette terre qui est la mienne.
Nous partons main dans la main ; ma vie et moi, moi et ma vie, et ce que nous commençons là est un acte d'amour qui durera jusqu'à la mort. A cause de cela, notre démarche est quelque chose de beau, élégant, esthétique.
J'avance. Parfois c'est moi qui ouvre le chemin très sûr de moi, et je choisis mes sentiers, et je regarde, cours, me repose, découvre, et je m' exalte devant tout ce qui se trouve face à moi.
Je suis parti, et je suis conscient de la responsabilité qui naît en moi en prenant la vie ainsi, seul, "mano a mano". Je pense que si un jour je dois payer pour mon courage, je le ferai. Et je n'y pense plus. Cela, maintenant, aujourd'hui, n'a plus d'importance. Le risque sera le prix de ma façon de vivre.
J'irai me promener là où ils m'emporteront le vent et les étoiles. Rien n'est trop grand. Je peux tout faire. Tout aborder. Rien n'est trop petit. Tout vaut la peine d'être accompli. Je dois seulement me contenter d'être heureux.
Le soleil sort. Il se réveille pour moi. C'est comme s'il se levait de son immense lit bleu, après une longue nuit d'amour. Je n'ai rien vu, mais j'aime ces nuits d'amour de la mer avec le soleil. Cet amour détendu, long , propre.
Le soleil s'éloigne de l'horizon, et il se lève dans le ciel. Il y a des nuages que seulement on peut voir dans la mer.
La vie a pris des formes agréables, pendant que mon bateau me porte, poussé par les alizés.
Les nuits je peux dormir sans surveiller le trafic d'autres bateaux, et sans craindre de trouver une terre sur mon chemin. Les nuits on est très bien assis à l'entrée de mon bateau, en regardant le ciel étoilé, écoutant les bruits de la mer. Dans ces moments là, j'aime prendre conscience de ma solitude. ~ Tu es seul, seul, seul ...
Et la vie est plus simple, et je me sens très riche. Riche de choses qui ne peuvent être valorisées, ni achetées, ni vendues, ni mesurées.
Avec ma solitude, et mon bateau en mouvement, et la pluie qu'un jour tombera, et cet apprêt que je traîne à ma poupe et sur lequel , à n'importe quel moment peut mordre une belle dorade, ou un thon, je me sens capable de choses formidables. Je pourrai naviguer jusqu'à la fin des mers, ou jusqu'à la mort. Je suis riche parce que je suis comme une planète en mouvement. Navigue, navigue, petit bateau, le monde est à nous.
Je regarde chaque jour le soleil sortir de la mer, et grimper dans le ciel jusqu'à son zénith.
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Commentaires
Voilà qui donne vraiment envie de le découvrir !
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Mardi 26 Janvier 2016 à 18:30
Bon soir Sérénita,
Flammarion avait édité ce livre (Eh! Pétrel!, cahier d'un navigant solitaire), dans les années 70. Bien sur, un livre comme celui ci, à cette époque, n'a pas trouvé beaucoup de lecteurs. Il n'a jamais été réédité. Il se publie toujours en espagnol (éditorial Juventud, Barcelona).
Sur les 244 pages du livre, j'en ai traduit au Français "pour mon plaisir" 99. Ma traduction datte d'environ 15 ans. Un peu naïve je pense...de qualité moyenne.
Si cela vous fait envie, Sérénita, avec plaisir je vous enverrai par mail ces pages traduites. Le livre contient des dessin de Villar (liens), non disponibles dans ma traduction.
Il reste aussi la possibilité de trouver une ancienne édition française d'occasion (?). Dans tous le cas, ce livre est sublime et indémodable. Il devrait être lu dans les écoles.
Amitiés
Angel
http://reignac-ak.eklablog.com/empathie-et-humanisme-3-a119132670
http://reignac-ak.eklablog.com/empathie-et-humanisme-2-a119131790
http://reignac-ak.eklablog.com/empathie-et-humanisme-1-a119129874
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On peut larguer les amarres sans changer d'endroit, le voyage se fait dans l'esprit, quand on part à la recherche de soi même tous les chemins sont bons
Amicalement
Claude
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Vendredi 29 Janvier 2016 à 17:53
Bon soir lepenseurdujour,
Je ne peux qu'être d'accord avec vous. Cependant "ce voyage", dans chacun d'entre nous, contient un monde de subtilités. Mon regard vers la vie est très proche de celui que Julio Villar exprime dans son livre, avec une émotivité toute simple et très touchante. Une véritable leçon d'humilité.
Personnellement je ne navigue pas.
Merci pour votre commentaire.
Amicalement
Angel
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Bonjour Angel,
C'est très gentil de me proposer votre traduction. Je la lirai avec grand plaisir. Il est vrai que d'après les lignes que j'ai déjà lues, ce livre aurait sa place dans les écoles.
Un grand merci à vous.
Amitiés,
Sérénita
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Ce texte est magnifique ! Il chante la rencontre d'un être avec lui-même, c'est le plus beau des voyages et le plus beau des chants.
Merci pour ce partage.
Bonne journée.
Amitiés,
Sérénita
Merci Sérénita,
Julio Villar a fait ce merveilleux voyage et, son récit est mon livre de chevet depuis bientôt trente ans. Comme d'autres textes magiques, on peut l'ouvrir sur n'importe laquelle de ses pages et,....on a l'impression à chaque fois, que c'est bien le texte qu'on avais envie de lire.
Amitiés Sérénita
Angel