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Théorie du voyage
Au commencement, bien avant tout geste, toute initiative et toute volonté délibérée de voyager, le corps travaille, à la manière des métaux sous la morsure du soleil. Dans l'évidence des éléments, il bouge, se dilate, se tend, se détend et modifie ses volumes. Toute généalogie se perd dans les eaux tièdes d'un liquide amniotique, ce bain stellaire primitif où scintillent les étoiles avec lesquelles, plus tard, se fabriquent des cartes du ciel.
Le voyageur concentre ces tropismes millénaires : le goût pour le mouvement, la passion pour le changement, le désir forcené de mobilité, l'incapacité viscérale à la communion grégaire, la rage de l'indépendance, le culte à la liberté et la passion pour l'improvisation de ses moindres faits et gestes ; il aime son caprice plus que celui de la société.
Michel Onfray
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