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    " La mémoire oubliée "

    III 

     

    Des inégalités sociales accentuées?

    L'Occident Médiéval XIII-XV Siècle

     

          Au début du XIV siècle, la hiérarchie sociale est rigide et uniforme. Un patriciat réduit  est maître du sol urbain. Ce patriciat (le terme désigne l'aristocratie bourgeoise des villes) monopolise les pouvoirs économiques et politiques dans la ville; au-dessous, les maîtres des métiers, possesseurs d'un atelier ou d'une boutique et propriétaires de leurs outils, travaillent avec leur famille, un ou deux apprentis, un ou deux valets (ouvriers salariés), parfois un peu plus; puis les "gens mécaniques", salariés à la tâche ou à la journée, toujours à la merci du chômage ou d'une crise de subsistance qui fait grimper le prix du pain; pauvres et mendiants enfin.

          Dans les villes méridionales, dans les villes d'Allemagne rhénane et danubienne, vit souvent la noblesse, alors même qu'elle possède châteaux et domaines dans la campagne d'alentour. Dans les villes italiennes, la noblesse a été exclue du pouvoir urbain dans la seconde moitié du XIII siècle. C'est le cas à Florence avec les ordonnances de justice de 1293: elles fondent le gouvernement du second popolo sur la base d'une alliance entre le patriciat bourgeois et le popolo qui représente ici  l'ensemble des gens de métiers; on distingue le popolo grasso , dont les membres  appartiennent aux arts majeurs (les métiers plus riches et mieux considérés), du popolo minuto représentant les arts mineurs. À Strasbourg, on distingue très officiellement un patriciat noble d'un patriciat bourgeois.

          Dans les villes industrielles (leur principale activité est le textile), la division du travail est très poussée et, en conséquence, de nombreux métiers interviennent dans le processus de fabrication du produit.

          Ces inégalités très fortes ont été renforcées par la crise, mais cela n'a pas entraîné une concentration des ateliers en fabrique. Les réglementations urbaines, comme les réglementations des métiers sont très strictes sur le maintien de ces petites unités de production que sont les ateliers, sur le respect de normes de fabrication destinées à garantir au client une qualité constante  et tendent à empêcher une concurrence déloyale entre les fabricants.

          Pourtant la misère augmente avec les difficultés imprévues de la crise. Apparaissent les "pauvres honteux", la "pauvreté laborieuse de cette époque". La crise a souvent laissé l'individu isolé, désemparé.   

     

     

    L'Occident Médiéval XIII-XV Siècle/Alain Demurger/Les Fondamentaux

    Alain Demurger est maître de conférences à L'Université Paris I - Sorbonne

    et travaille principalement sur l'histoire des croisades et l'administration royale

    dans la France médiévale.

     

     

    " La technologie certes a beaucoup  progressé. Mais socialement, avons nous vraiment sorti du Moyen Âge ? "

     


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    News / réflexions 2

     

     

          Les individus  font aujourd'hui très diversement l'expérience du fonctionnement de l'économie mondialisée. Dans les zones les plus cosmopolites de la planète, les stratégies de diminution de puissance d'agir fondées sur l'imposition de techniques de personnalisation en auto-administration digitales, se développent même parmi les groupes sociaux à très faibles revenus. Mais il existe par ailleurs des populations humaines entières qui, atteignant à peine le niveau de subsistance, ou se trouvant même en dessous, ne sauraient être intégrées aux nouvelles exigences des marchés et, qui apparaissent de ce fait comme insignifiantes ou superflues. La mort, sous différentes formes, est l'un des sous-produits du néolibéralisme :  lorsque les gens n'ont plus rien que l'on puisse leur prendre, que ce soit des ressources ou de la force du travail, ils deviennent tout simplement superflus. La progression actuelle de l'esclavage sexuel ainsi que l'accroissement du trafic d'organes, suggèrent que les limites peuvent encore être repoussés, pour le développement et le profit de nouveaux secteurs de marché.  

     

     

    Jonathan Crary/ 24/7  El capitalismo al asalto del sueño/2014

     

     

    Jonathan Crary est professeur d'histoire de l'art et d'esthétique

    à l'université de Columbia à New York.

     


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    Comprendre le monde

     

    " La mémoire oubliée "

    II

     

              À travers la longue histoire de la pédagogie, le jeu chez l'enfant a été valorisé de différentes formes. En conséquence, ont évolué aussi les fondements de la pédagogie du jeu. Surtout, on essaya -et on essaie encore- de découvrir la signification du jeu sur l'enfant en développement, au delà même de l'acte de jouer.

               Le jeu est une forme basique sui generis de faire face aux différentes situations que la vie impose à l'être humain. Il prépare à l'activité individuelle ainsi que à l'intégration collective. Ses caractéristiques sont entre autres, agir pour résoudre et en accord à ses propres besoins, le déploiement du sens de l'initiative, la recherche de solutions novatrices et le développement de l'activité créatrice. 

               Cependant, ceci ne doit pas être seulement considéré avec le seul but d'augmenter la capacité de rendement. Pendant le jeu, l'enfant adopte attitudes décisives, qui auront une forte influence sur ses décisions de personne adulte. Jouer et apprendre constituent une unité inséparable. Néanmoins,  de la participation et l'appui des adultes dépendent en grande partie, que les enfants puisent profiter pleinement des possibilités que le jeu offre à leur développement.

                Jouer est une condition indispensable à la vie de l'enfant. Les enfants ont besoin de jouer; plus encore, dans certaines phases de leur évolution, le jeu constitue l'activité principale. Avec raison, nous sommes inquiets en observant un enfant qui joue peu ou pas. Parce que le jeu fécond qui se réalise pendant l'enfance, est sans doute la meilleure base pour une vie adulte saine et pleine.

     

     

    Hildegard Hetzer/El juego y los juguetes/Le jeu et les jouets 1978

     

     

     

     


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    Comprendre le monde

     Le Roi Shaka, fondateur de la nation Zouloue

     

     

    " La mémoire oubliée "

    I

     

    Peu de fois on trouvera une circonstance aussi exotique, comme le fait qu'un roman, change le cours de l'histoire. Les mines du roi Salomon, un des livres les plus lus de tous les temps, le fit.

    Son auteur, Henry Rider Haggard, étais né à Norfolk, dans une famille de l'aristocratie rurale en 1856, trois ans après un autre de ses illustres contemporains, Cecil Rodhes*. Son père, qui le considérait peu intelligent, déclina l'idée de l'envoyer faire ses études à Oxford ou Cambridge. Haggard fut envoyé par sa famille à une école de catégorie inférieure, à Ipswich, où le garçon s'intéressa à l'égyptologie. En 1875, le jeune Haggard préparait ses valises pour suivre ses études à Paris, quand le hasard croisa son chemin: un voisin de Norfolk, sir Henry Bulwer, fut nommé vice-gouverneur de la colonie sud-africaine de Natal (rebaptisée  KwaZulu-Natal depuis 1994. Une des provinces d'Afrique du Sud). Le père de Haggard décida de recommander son fils pour l'accompagner. Dans la tête du père, un garçon peu éclairé avait un futur incertain en Angleterre; peut être pourrais t'il devenir un bon fermier en Afrique.

    Personne n'imaginais que quelques années après, ce garçon peu doué pour les études, deviendrait l'écrivain anglais le plus réputé de son temps, aussi respecté et admiré que Ruydard Kipling. Haggard embarqua en juillet 1875 et s'installa à Pietermaritzburg, capitale administrative de Natal. Sous la protection du gouvernement de la colonie, commença très tôt à voyager par les territoires zoulous, peuple qu'il admirait. Voyagea aussi à Pretoria, où il eut l'honneur d'hisser le drapeau britannique quand  en 1877, Londres annexiona la jeune république boer.

    À vingt et un ans commença à écrire pour la presse londonienne et, ses chroniques africaines le donnèrent déjà  un petit renom dans la métropole. En 1879, s'offrit comme soldat volontaire pour l'expédition militaire de lord Chelmsford contre le roi zoulou Cestwayo, mais le gouverneur le refusa. Ceci le sauva sans doute de mourir à Insandlhwana. Il fut refusé également lors des révoltes du Transvaal pour obtenir l'indépendance.

    Déçu de sa vocation militaire, acheta une ferme à Newcastle, à trois cents vingt km. de Pretoria, pour se dédier à l'élevage des autruches. Fit un court voyage en Angleterre pour se marier en 1880 et, retourna à Newcastle quand sonnaient déjà les tambours de la première guerre boer. En 1881, après la bataille de Majuba Hill, se signa la paix entre boers et britanniques et, Londres reconnut l'indépendance du Transvaal (En 1994, le Transvaal est divisé en quatre nouvelles provinces : le Gauteng, le Mpumalanga, le Limpopo et le Nord-Ouest. Provinces d'Afrique du Sud).

    Sans doute, une grande déception pour le jeune Haggard, un fervent défenseur de la projection impérialiste de la Grande Bretagne, où il rentra après l'indépendance.

    Installé à Norfolk, décida d'écrire un livre, une sorte de chronique historique-politique de ses expériences africaines, qu'intitula Cestwayo et ses voisins blancs. Publié en 1883 sans aucun succès. À l'année suivante, écrivit deux nouvelles, À l'Aube et La tête de la sorcière, qui restèrent sur des très faibles ventes. Déçu à nouveau, songea à arrêter l'écriture.

    Mais en 1885  R.L. Stevenson publia un livre pour enfants, L'Île au Trésor, qui eut un grand succès. Haggard décida alors d'écrire lui aussi pour enfants. Acheva son livre en six semaines. Son livre réunissait: les légendes sur l'or du Grand Zimbabwe, la figure d'un grand chasseur blanc, Frederick Selous et, la tribu qu'il admirait, les zoulous. Dans le Grand Zimbabwe situa les mines d'Ophir, Selous devint Allan Quartermain et les zoulous, les kukuanas. Le roi kukuana fut baptisé dans la fiction comme Umbopa. Celui-ci avait son modèle dans la réalité: le fils d'un ancien roi Swazi, appelé Umslopogaas. 

    Publié en septembre de 1885 par Cassell, le même éditeur que le livre de Stevenson, Les Mines du Roi Salomon, fut une véritable bombe commerciale à l'époque, en Angleterre et aux États Unis. Suivirent Allan Quartermain 1887 et, la même année, sans doute la meilleure de ses nouvelles, Elle, toutes inspirées de l'Afrique.

    Ses livres mirent à rêver avec l'Afrique à toute la jeuneuse anglaise et américaine. De même que aux politiciens britanniques et européens pour étendre leurs empires africains. Donnèrent naissance à des entrepreneurs ambitieux et sans scrupules comme Cecil Rhodes, qui ne cessa dans son effort pour conquérir tout le continent pour exploiter ses richesses. Haggard fut avec Kipling, l'écrivain de l'Empire. Malgré son succès littéraire, regretta toujours ce qu'il croyait être sa grande destiné: une carrière dévouée à l'État et à l'armée, au projet du grand empire britannique.

    Son petit fils dit de lui: " Il étais beaucoup plus qu'un écrivain ". Il se trompait. Haggard fut bien moins qu'un grand écrivain et beaucoup plus qu'un bon soldat: avec sa plume, mit tous les regards sur l'Afrique et alimenta les racines de l'ambition impériale.

    La même année de sa mort, 1925, un écrivain français, André Gide, naviguait le fleuve Congo, suivant la stèle de Joseph Conrad. Gide, au contraire que Haggard, critiqua durement avec sa plume le colonialisme. Les livres de Haggard se publient encore par le monde en éditions pour enfants. Gide par contre, qui n'attint jamais autant de popularité parmi ses contemporains, reste vivant dans nos cœurs.

    Serait de la petite littérature, toute celle qui émane d'un sentiment de race supérieure ?

     

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    Cecil Rhodes 1853-1902: magnat de l'or et des diamants sud-africains. S'appropria dans son nom propre et celui de l'Angleterre de territoires entiers (Rhodésie, actuel Zimbabwe), menant des campagnes militaires avec une armée payée par ses propres deniers et, avec laquelle avait comme projet l'éradication des peuples indigènes par la mort ou l'esclavage.

    L'explorateur Pierre de Brazza 1852-1905: "découvrit" pour la France les territoires au nord du fleuve Congo.

    L'explorateur Henry Morton Stanley 1841-1904: "découvrit" pour le roi de Belgique les territoires au sud du fleuve Congo.

     

    "Ceci sont des faits historiques récents, qui par l'ampleur de leurs conséquences

    contribuèrent à établir les bases du monde contemporain, économique et politiquement."

     

     

    Extrait du livre " Vagabundo en Africa" / Javier Reverte

     

     

     


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    Empathie et humanisme 11

     

     

     

         Très souvent je me demande pourquoi une traversée ne ressemble jamais à une autre. L'Atlantique fut une océane différente aux autres. Probablement parce qu'elle fut la première, ma découverte de la mer, ma rencontre avec moi même et la mer. À l'intérieur de ma jeunesse ou de ma vie, vingt jours à l'Atlantique devraient  ressembler à vingt jours au Pacifique ou à l' Océane Indien. Vingt jours de mer, de nuages et d'étoiles, n'est pas?.... Eh bien non.

     

                                   t h o n                                r i z

                                   r i z                                     t h o n

                                   r i z                                     r i z

                                   t h o n                                 t h o n

     

         Au bout d'un mois de mer j'ai croisé le cargo Florian Genowa. Il faisait route depuis le sud d'Afrique et allais vers le Détroit de la Sonda. Il m'a salué avec sa sirène en continuant sa route, mais au bout d'un moment, quand il commençait à s'éloigner, il a fait demi tour se dirigeant vers moi. Il a passé très près de mon bateau avec tout l'équipage sur le pont.

         Ce détail d'affection m'a rempli de réconfort. Ce bateau m'a offert la chaleur des hommes; une chaleur sincère envers moi. Après il a fait demi tour et continué sa route vers Sumatra.

         - Au revoir. Vous ne soupçonnais pas  le cadeau que vous venez de me faire. Merci.

     

                                 c r i   c r i                               d a u p h i n s

                                 p o i s s o n                            l u n e

                                 F l o r i a n                             G e n o w a

     

         Regardant les silhouettes et les noms sur les cartes, je rêve et m'exalte. Les noms évoquent des lieux jamais vus par moi et qui m'annoncent des nouveautés dans ma vie. Ainsi se construisent doucement mes états d'âme. Ceux que la planète me fait découvrir et ces moments que je vais partager  avec ces êtres dont je ferai connaissance. C'est aussi cela qui fait que les mers soient différentes entre elles.

     

         Mistral et moi naviguons sous un ciel peuplé par une nation de nuages blanches qui suivent leur reine. La nuit s'est posée sur le mât de mon bateau et a descendu lentement jusqu'à m'atteindre. Le jour se lève maintenant pour ceux qui aiment l'obscurité du jour et pour mes jeunes rêves.

     

     

    Julio Villar / cahier d'un navigant solitaire

     

                                   

                                 

     

                                 

     

                                  

                                    

     

     


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